
Récit d’entrepreneure – Cette section du blogue est dédiée à l’écriture du livre autobiographique de notre présidente fondatrice, France Longpré. À travers une série d’articles, elle partage les grandes étapes de son parcours entrepreneurial, qui a franchi le cap des 20 ans en 2024. Elle pose un regard actuel sur les moments marquants, les apprentissages et la croissance – personnelle comme organisationnelle – qui ont façonné son chemin. Une invitation sincère à inspirer les entrepreneures d’aujourd’hui… et de demain.
DEVENEZ ENTREPRENEUR
C’est ainsi que commence mon histoire. Un livre acheté à une époque où je n’ai aucune idée de ce que je veux faire. Il m’arrive souvent de flâner en librairie, parcourant les rayons pour voir ce qui captera mon attention. En fait, la plupart de mes voyages, de mes recettes et de mes projets débutent avec un livre. Celui-ci m’interpelle : Devenez entrepreneur de Paul-A. Fortin. Nous sommes en 2001.
Pour moi, un entrepreneur – car je n’imagine pas encore qu’on puisse un jour écrire ce mot avec un « e », une entrepreneure – est quelqu’un qui, grâce à son imagination, son travail et sa ténacité, a su créer et bâtir une entreprise. Mais quel genre d’entreprise pourrais-je bien lancer? Bonne question. Je vais continuer de lire ce livre; peut-être que ce monsieur Fortin me donnera des idées. Souvent, tout part d’un désir ou d’un rêve. Mais pour moi, c’est avant tout une question de survie : pouvoir faire vivre mes deux filles en tant que mère monoparentale.
Je découvre dans le livre que l’entrepreneur est comparé à un phénix. Intriguée, je cherche sa signification : un oiseau mythique qui s’embrase et renaît de ses cendres. À ce moment-là, je me sens précisément dans cet état – à l’étape des cendres. Il me faut renaître.
Mais plus j’avance dans ma lecture, plus le doute s’installe.
Quel pourcentage d’entrepreneurs réussissent? Créer une entreprise est une chose, la rendre rentable en est une autre. Des études montrent que seulement 40 % des petites entreprises génèrent des bénéfices. Environ 30 % atteignent le seuil de rentabilité, tandis que les 30 % restantes perdent de l’argent. Et combien survivent à long terme? Après dix ans, 35 % seulement des entreprises sont encore en activité; 18,4 % font faillite dès la première année, et près de 50 % ne passent pas le cap des cinq ans.
Ouin… dans quoi suis-je en train de m’embarquer?
Je me rassure en me disant que j’ai peut-être hérité des gènes de mes ancêtres. Pourtant, il était rare qu’autour de moi, les gens disent : bonne idée. En fait, personne ne m’a jamais dit ça!
Je décide donc de commencer par me connaître moi-même.
- Est-ce que la fonction d’entrepreneur m’intéresse? Pourquoi pas.
- Est-ce que je connais mes forces et mes faiblesses? Je crois être persévérante et déterminée à réussir. Bon point. En revanche, je ne connais absolument rien à l’entrepreneuriat et je n’ai qu’un diplôme de secondaire 5. J’ai suivi quelques cours au cégep, mais j’y ai surtout joué au handball.
Je constate rapidement qu’il me faudra acquérir des connaissances en gestion, en marketing et en finances. Et surtout, identifier le domaine dans lequel me lancer.
Pour cela, autant partir d’un secteur qui m’intéresse. Je travaille alors depuis quelques années chez Desjardins. Je sais que je suis travaillante et que je réussis à gravir les échelons. Je suis aussi une bonne vendeuse : j’atteins mes objectifs et j’aime aider les gens. C’est en les accompagnant que je gagne leur confiance. Bon point, France!
Bon… continue ton livre, une piste va peut-être émerger.
Chaque matin, je remplis mon journal, mes pages du matin, et je commence à y noter des possibilités que je pourrais explorer. Je suis à la recherche d’opportunités. Et voilà que les circonstances de la vie me donnent un coup de pouce!
En effet, un jour, alors que je travaille à la caisse Desjardins, je rencontre un homme que j’appellerai Jean, pour les fins de ce récit. Il s’occupe de gestion documentaire et il me demande si je connais bien les prêts étudiants. Bien sûr! Il m’explique alors son projet : il consiste à faire l’inventaire de tous les prêts étudiants dans toutes les caisses du Québec. Desjardins veut centraliser cette tâche en Gaspésie. Tiens donc, voilà une occasion. Je connais bien les prêts étudiants, alors j’accepte l’offre. Ce que je n’ai pas encore saisi, c’est que Jean compte me confier la formation de ces ressources et la gestion du projet. Je me sens fière de moi.
C’est à ce moment-là que je me dis : pourquoi ne pas travailler pour un entrepreneur? Cela me permettrait d’assumer des responsabilités intéressantes et d’obtenir un meilleur salaire pour mes deux filles.
Je mets donc mes autres projets personnels en pause et je réalise l’ensemble du mandat qui m’est confié avec minutie et détermination. Une fois la mission terminée, je vais voir Jean :
— C’est fait. Quel est mon prochain défi?
— Je n’ai plus besoin de toi, France. Mes ressources sont maintenant capables de prendre la relève.
Que j’avais été naïve! Dire que j’avais même laissé mon emploi chez Desjardins.
Déçue, oui, mais c’est quand même à cet instant précis que tout s’éclaire : France, tu as ton créneau. Tu connais bien Desjardins, tu sais comment ça fonctionne. Reprends ton livre. Cette fois, lis-le avec l’objectif de créer ta propre entreprise en gestion documentaire et va voir un client que tu connais déjà bien : les caisses Desjardins.
En effet, je connais mon secteur d’intérêt et c’est quelque chose que je maîtrise.